COMPRENDRE LA COLERE : Une émotion qui protège avant de bousculer
- cabinetcpas

- 4 déc.
- 3 min de lecture
Magazine n°10 - " Santé mentale CPAS" - Décembre 2025
Qu’est-ce que la colère ?
La colère est une émotion fondamentale, universelle et profondément humaine. Elle apparaît lorsqu’un besoin n’est pas respecté, lorsqu’une injustice est ressentie, lorsqu’une limite est franchie. Elle ne signifie pas être “violent”, ni perdre le contrôle : elle est d’abord un signal, un message intérieur qui dit :“Quelque chose doit changer.”
La colère n’est donc pas une émotion “négative”, mais une émotion protectrice. Elle survient pour défendre nos valeurs, nos limites, notre sécurité émotionnelle.
Comme le rappelle le psychologue américain Charles Spielberger, spécialiste des émotions :“La colère n’est dangereuse que lorsqu’on ne la comprend pas.”
Autrement dit : la colère devient problématique quand elle n’est ni reconnue, ni exprimée, ni régulée.
Ce que la science en dit :
Les neurosciences montrent que la colère repose sur un fonctionnement précis du cerveau.
Les zones clés impliquées sont :
L’amygdale
Elle détecte une menace, réelle ou perçue, et déclenche la réaction émotionnelle. Elle met le corps en alerte : accélération cardiaque, tensions musculaires, bouffées de chaleur.
Le cortex préfrontal
C’est lui qui permet d’analyser la situation, freiner l’impulsion et choisir une réponse adaptée. Quand la colère est forte, cette zone est souvent “débordée”, d’où les réactions impulsives.
L’insula
Elle amplifie la perception des sensations internes (battements du cœur, chaleur, crispation).
Le système nerveux sympathique
Il prépare le corps à l’action : attaquer, se défendre, protéger.
Plus une personne est stressée, fatiguée ou a vécu des expériences difficiles, plus son amygdale réagit vite — et plus la colère devient intense.
La bonne nouvelle? Le cerveau peut apprendre à réguler la colère, grâce à la neuroplasticité : plus on pratique des stratégies de gestion émotionnelle, plus le cerveau renforce les circuits de calme et de contrôle.
La colère, ça se comprend
Contrairement aux idées reçues, la colère n’est pas un signe de faiblesse ou de perte de contrôle. C’est une émotion qui repose sur plusieurs piliers :
✔ Un besoin non respecté
Besoin de respect, de sécurité, de calme, de justice.
✔ Une limite dépassée
Quelqu’un a franchi une frontière personnelle.
✔ Une frustration
Une attente non satisfaite, un imprévu, un obstacle.
✔ Une émotion secondaire
La colère recouvre souvent :
la peur,
la tristesse,
la honte,
la fatigue,
le sentiment d’injustice.
Comprendre pourquoi la colère apparaît est la première étape pour mieux la réguler.
Les outils des TCC pour apprivoiser la colère
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont particulièrement efficaces pour transformer la colère en ressource plutôt qu’en réaction impulsive.
1. Identifier les pensées automatiques
Certaines pensées alimentent la colère :
En TCC, on apprend à repérer, questionner et rééquilibrer ces pensées.
2. Revenir dans l’instant présent
Des outils permettent au cortex préfrontal de reprendre le contrôle.
3. Apprendre à exprimer ses besoins sans agressivité
La colère devient constructive quand elle permet de communiquer :
ce que l’on ressent,
ce dont on a besoin,
ce que l’on n’acceptera plus.
C’est la base de l’assertivité.
4. Adopter des comportements apaisants
Chaque nouvelle habitude renforce le cerveau dans sa capacité à réguler la colère.
Conclusion
Gérer sa colère, ce n’est pas l’étouffer. C’est l’écouter, la comprendre, la canaliser. C’est transformer une émotion explosive en une force protectrice et alignée.
La colère bien comprise devient un moteur. Ignorée, elle devient un poids.
“La colère est une énergie : elle peut détruire ou construire.
Tout dépend de ce que l’on en fait.”














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