AGORAPHOBIE : quand sortir devient une épreuve
- cabinetcpas

- 4 juin
- 2 min de lecture
Magazine n°4 - "Santé Mentale CPAS" - Juin 2025
Tu redoutes les transports en commun, les centres commerciaux, les files d’attente, ou même de rester seul·e loin de chez toi ? Tu as parfois peur de "perdre le contrôle", de ne pas pouvoir fuir, ou d’avoir une crise de panique en public ?
Ce que tu vis n’est pas une simple timidité ou de la paresse sociale. Il s’agit peut-être d’agoraphobie, un trouble anxieux encore trop méconnu, mais profondément invalidant au quotidien.
Ce qui se passe dans le cerveau
L’agoraphobie n’est pas une peur des "grands espaces", comme on le croit parfois. C’est la peur de se retrouver dans un endroit où il serait difficile ou gênant de s’échapper, ou de recevoir de l’aide, en cas de malaise ou de panique.
Elle s’installe souvent après :
Une première attaque de panique survenue dans un lieu public
Une expérience de perte de contrôle ou de vulnérabilité dans un environnement ouvert
Une anxiété généralisée mal prise en charge
Avec le temps, le cerveau associe certains lieux à un danger potentiel, et déclenche à l’avance des signaux d’alerte (palpitations, transpiration, confusion mentale), même en l’absence de réelle menace.
Un cercle vicieux : évitement → soulagement → renforcement
L’agoraphobie repose sur un mécanisme auto-renforçant :
Je ressens une angoisse à l’idée de sortir
J’évite une situation (le métro, un repas, un rendez-vous)
Je me sens soulagé·e… donc je réévite la prochaine fois
À force, la zone de sécurité se rétrécit, jusqu’à parfois rester chez soi en permanence, avec une perte progressive d’autonomie et d’estime de soi.
TCC : une thérapie de choix pour l’agoraphobie
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont aujourd’hui l’approche de référence dans la prise en charge de l’agoraphobie. Elles s’appuient sur des outils concrets, progressifs et structurés, validés scientifiquement.
Voici comment elles agissent :
1. Identifier les pensées anxiogènes
"Et si je faisais une crise ? Et si personne ne m’aidait ?"→ Ces pensées automatiques sont repérées, comprises, puis progressivement restructurées.
2. Hiérarchiser les situations
Grâce à une “échelle d’exposition” (de la moins à la plus anxiogène), on avance étape par étape, jamais dans la force, toujours avec respect du rythme.
3. Exposition progressive avec accompagnement
Petit à petit, la personne réaffronte les situations évitées (avec un thérapeute, ou via des exercices entre les séances), jusqu’à désensibilisation.
4. Apprendre à réguler l’anxiété
Respiration, relaxation, pleine conscience : le corps et le système nerveux apprennent à se calmer sans fuir.
5. Restaurer la confiance en soi
Chaque victoire est valorisée. L’objectif n’est pas “d’être guéri du jour au lendemain”, mais de retrouver une liberté de mouvement et de choix.
On peut vivre avec de l’agoraphobie… mais on peut aussi en sortir.
Ce trouble ne définit pas une personne. Avec les bons outils, un accompagnement sécurisant, et de la patience envers soi-même, il est possible de rééduquer son cerveau à la sécurité.
"Le courage, ce n’est pas ne pas avoir peur.
C’est avancer, doucement, malgré elle."













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